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Profil - La péninsule aux 24 saisons

Posté par Fourbi le 16/11/2022 pour le secteur LIRE
🌍 Article public ⸱ 68 lecteurs récemment



[Epitomé]

"Dans un paysage de mer et de falaises d’une beauté paisible, bien loin de Tôkyô, une femme en désaccord avec le monde entreprend la redécouverte d’elle-même et passe des jours heureux d’une grande douceur.
En compagnie de son chat, elle fera durant douze mois l’apprentissage des vingt-quatre saisons d’une année japonaise. A la manière d’un jardinier observant scrupuleusement son almanach, elle se laisse purifier par le vent, prépare des confitures de fraises des bois, compose des haïkus dans l’attente des lucioles de l’été, sillonne la forêt, attentive aux présences invisibles, et regarde la neige danser
".
"Dans ce hameau au bord du monde, l’entraide entre voisins prend toute sa valeur, les brassées de pousses de bambou déposées devant sa porte au moment de la récolte, et les visites chaleureuses à l’atelier du miel de son amie Kayoko.
Vingt-quatre saisons, c’est le temps qu’il faut pour une renaissance, pour laisser se déployer un sensuel amour de la vie
"

[Avis]

On dit souvent que l’on part afin de mieux revenir. Que l’herbe n’est pas spécialement plus verte ailleurs. Et que si nous sommes ici, c’est que nous devons être ici. Mais ici, c’est aussi là-bas et la péninsule aux 24 saisons nous tend les bras.

J’ai été emporté par cette lecture que j’ai trouvé contemplative, fluide et allant vers un retour aux sources où une année durant, la protagoniste de l’histoire va s’installer dans une péninsule perdue et tranquille où le temps semble s’être arrêté où du moins continue sa lente avancée vers l’année et les saisons suivantes. Ce que j’ai le plus apprécié dans cette histoire est la conviction de l’héroïne de tout quitter, tout laisser en plan pour se retrouver avec soi-même et ainsi faire preuve authenticité face à la vie. Il y a un côté survie enclenché ou la lumière et le bruit de Tokyo deviennent des menaces et seule la fuite intestine vers un lieu calme et reculé permettra de savoir ce que l’on veut vraiment. Quitte a foncer dans le tas, autant s’endetter à acheter un marais afin d’être certaine que l’on ne viendra jamais construire dessus. Faire comme les autres, non merci. L’introspection et les pensées profondes de la narratrice apportent du cachet à son tempérament.

Autre point notable est la sensorialité qui se dégage de l’histoire. Être en accord raccord avec les saisons et les éléments de la nature. Être séduite par des falaises. Tomber en amour face à un marais. Éblouie par des lucioles. Planter, jardiner, cultiver, récolter. Tous les sens de la protagoniste sont en éveil et les liens qu’elle tisse avec son voisinage ressemblent à des battements de coeur à l’unisson.

C’est une lecture que je recommande aux personnes contemplatives et celles qui ne savent vraiment rien faire comme tout le monde.

[Citations]

■ "Dans le calme de la péninsule, on s’aperçoit bien vite que la télévision est vulgaire et gênante".

■ "Le luxe peut prendre plusieurs formes. Mon luxe à moi, c’était de posséder une barque enfouie dans une terre qui ne servait plus à rien".

■ "Chaque matin, au rez-de-chaussée de l’immeuble, je découvrais les dizaines de publicités jetés dans ma boite aux cours de la nuit, dépliants et prospectus.
Tous les jours, toutes les nuits, ces papiers que quelqu’un venait déposer dans ma boite aux lettres m’obligeaient à me représenter un monde qui un jour disparaitrait enseveli sous les déchets
".

■ "Sur les tatamis de la pièce japonaise, le reflet de l’encadrement de la fenêtre étire vivement son ombre".

■ "Les grosses bougies que l’on avait enfoncées dans les bambous coupés offraient à la nuit la lumière de leurs flammes vacillantes".

■ "Les bougies qui éclairaient les ténèbres fondaient, mon corps aussi vacillait comme les flammes".

■ "Les saisons sont au cœur de notre vie quotidienne, ce ne sont pas quatre mais vingt-quatre saisons qui scandent nos journées. Les choses changent, les choses passent, et c’est bien ainsi. Ce n’est pas l’homme qui ajoute ou qui retranche, c’est la nature".

■ "Je traversais une période troublée. J’avais quitté un homme, j’avais perdu une amie précieuse, ma vie glissait au gré de la monotonie des journées qui s’écoulaient sans trouver d’issue. Je voulais fuir, n’importe où, mais fuir. C’est à ce moment-là que j’ai fait la rencontre des falaises, ces blocs de matière indéfinissable, qui ne portent pas la moindre odeur humaine".

[Références]

La péninsule aux 24 saisons. Mayumi Inaba. Traduit par : Elisabeth Suetsugu. Littérature japonaise. Editions Philipe Picquier. 272 pages. ISBN : 9782809715743. Prix 8 euros.

[Sources et crédit photo]

© Babelio.

4 commentaires
Appareil
()
OOoooh , j’aime :D
Outil
()
J’avais lu "La valse sans fin" de cette même autrice. Quand j’y regarde de plus près, on n’y retrouve des similitudes sur la thématique de l’introspection profonde.
Fourbi
()
Où est la carte aux trésors vers cet endroit =_= *se met à chercher frénétiquement dans sa tête*
Instrument
()
J’ai essayé mais le livre m’est tombé des mains. Je pense juste que ce n’était pas le bon moment et je compte bien le recommencer !
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