SAT Parent Art« Papa m’a dit que je ne sais pas dessiner… »
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En babysitting, pendant le petit déjeuner, j’ai demandé à un enfant s’il souhaitait faire un petit dessin pour sa maman qui était à la maternité pour la naissance de son petit frère. Il m’a répondu : « non je ne sais pas dessiner ». La réponse de cet enfant si jeune, âgé de quatre ans, m’a interloquée et je lui ai demandé pourquoi il me disait cela. Il a été plus précis sur la raison de cette conviction : « Papa m’a dit que je ne sais pas dessiner… »
La parole prophétique: « il/elle ne sait pas dessiner ! »
Plus tard, j’ai assisté en direct à la parole prophétique que des parents peuvent poser sans en avoir conscience.
Ce n’est pas un acte volontairement méchant. Cela part d’un simple constat à partir d’un point de vue d’adulte qui a pu être mis au courant de codes du dessin : « il ne sait pas dessiner, il a le talent de son papa », déclare le père en riant. Ce à quoi la mère a ajouté : « il aime beaucoup de choses mais colorier, ce n’est pas son truc. D’ailleurs il dépasse toutes les lignes ». Ceci ont été des propos tenus à une large audience d’adultes en présence de l’enfant.
J’étais perplexe car cet enfant a quatre ans. Il est à peine en train d’apprendre à maîtriser des gestes psychomoteurs plus fins, et on déclare devant lui et de vive voix que dessiner ce n’est pas « son truc ».
Je me suis permise de dire aux parents qu’il serait préférable d’éviter ce type d’affirmation, étant répétées de surcroît, car cela peut être approprié par l’enfant et devenir « prophétique » pour lui.
La mère me raconte avec candeur que son fils s’était mis à dessiner des roues de voiture et qu’ensuite il s’est arrêté net en disant : « je ne sais pas faire la suite ».
Dans ma curiosité j’ai parlé de la possibilité de lui apprendre à dessiner plusieurs choses dont des voitures. Son regard s’est illuminé. En quête de confirmation je lui ai ouvertement posé la question : « est-ce que ça te dirait que je t’apprenne à dessiner des voitures ? » À cela il a répondu oui d’un signe répété de la tête avec un grand sourire.
Cet enfant a simplement besoin de guidance et a la conscience de ne pas se sentir capable de trouver, par lui-même, le chemin de ce qu’il souhaite créer. Un simple coup de pouce tutoriel couplé d’encouragements peuvent l’aider à passer ce cap.
Mon intention n’est pas de juger les parents mais bien de sensibiliser à l’impact des mots notamment pour des activités qui paraissent parfois « superflues » pour la vie future d’un enfant et qui pourtant font autant partie du développement de sa capacité d’observation, de représentation figurative et de confiance en soi.
Je me suis déjà retrouvée face à des adultes qui m’ont dit :« je ne sais pas dessiner, je dessine comme un enfant de 5 ans ». À ce moment, ma question sera : « quand avez-vous arrêté de vous laisser dessiner ? » Ce n’est pas systématique, mais souvent la réponse correspond au moment où l’enfant a entendu qu’il était mauvais en dessin et il n’a plus cherché à pratiquer.
Le dessin est un de ces domaines dont le savoir-faire se développe en pratiquant. Au fil du temps, on s’exerce au juste trait, à la retranscription de la perspective, au mélange des couleurs, aux traits qui donnent du volume, à bien choisir où placer les ombres et la lumière…
Le dessin finalement c’est un peu comme le loto : il n’y a que ceux qui y jouent qui peuvent gagner.
[source images] : Mily - 126555
D'autant que l'art est subjectif !!!
Ici, les filles dessinent énormément. Cléo adore jouer avec les couleurs, Lila-Rose est plutôt scène de vie avec des personnages (Mercredi Addams, Mortelle Adèle ou nous,en ce moment.)
Je garde certains dessins dans une pochette. Je suis très sentimentale. :)