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Profil - Le temps qui va, le temps qui vient

Posté par Machin le 20/11/2022 pour le secteur LIRE
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[Epitomé]

C’est non pas une coupe de saké mais un poisson à la main que l’on pénètre dans ce petit quartier commerçant de Tôkyô. Car c’est surtout dans la boutique du poissonnier amateur de Cocteau que se rencontre la chaleureuse communauté de gens qui l’habitent.
Chacun à son tour prend la parole dans une manière de fugue à la composition surprenante, à la fois très structurée et d’apparence aussi aléatoire que le hasard qui enchevêtre ces vies les unes aux autres.
De chapitre en chapitre, les fils de ces existences séparées peu à peu se rejoignent et dessinent un motif qui ne deviendra pleinement lisible qu’aux derniers accords de la fin
.
Il est question de solitude et de rencontres, de passions secrètes, de joies modestes mais délectables, et l’écriture ne se fait jamais plus légère que lorsqu’il s’agit d’évoquer les choses graves.

[Avis]

Tout commence dans un quartier commerçant de Tokyo. Au sein d’une poissonnerie, un point de ralliement. Endroit où divers personnages se croisent, se trouvent, se retrouvent et puis disparaissent. Des vies comme tant d’autres. Des vies qui passent tout comme le temps et ce, avant le néant.

J’ai d’ailleurs beaucoup aimé les angles utilisés pour chaque personnage. Parce que la vie est d’une banalité tellement incroyable que je me suis retrouvé en certains personnages.

Les pensées, les réflexions de ceux-ci sont assez poussées pour les transposer dans la réalité. Des vies avec des histoires, des rêves, des doutes, des passés, des deuils et surtout beaucoup de psychologie. Des vies seules et esseulées même dans l’accompagnement. Intimiste jusqu’au bout.

Un livre qui m’aura fait forte impression par la prose poétique, intimiste et flegmatique de l’autrice, mais surtout par la réflexion derrière les histoires. Une manière de décrire la vie et de ce que nous faisons de notre temps. Une manière comme une autre de nous forcer à nous regarder dans un miroir sans aucun désespoir.

Rien se sert de courir, il faut partir à point.

Parce que le temps qui va, le temps qui vient.

[Citations]

■ "Comme nous avons passé cinq jours à déplacer les cartons pour pouvoir regarder dessous ou derrière, tous mes muscles étaient douloureux. Les cartons pesaient lourd. Certains étaient vides. Quand je découvrais un carton vide au milieu des autres, au lieu de m’en réjouir, j’éprouvais au contraire une étrange angoisse".
"Je n’ai finalement jamais su ce que contenaient ces cartons".

■ "On dit souvent que ceux qui ont vécu une enfance difficile s’en ressentent immanquablement toute leur vie, mais moi, j’étais persuadée du contraire".

■ "On me dit souvent que je suis une personne sereine".
"Tranquille, paisible, calme. Je ne suis pas sûre que ce soit tout à fait ça. Il me semble que ce mot peut convenir pour parler de celui qui , avec la conscience que peut donner un certain recul, réussit à maintenir de toutes ces forces un équilibre fragile alors qu’il a l’impression de plonger dans une tempête qui ne faiblit pas, d’être terrassé par un soleil brulant ou emporté par une inondation".
"Dans mon cas, la sérénité n’est pas de mise".
"Dés le départ, il n’y a rien".

■ "- Beaucoup plus tard, quand je lui ai demandé pourquoi, il m’a avoué"
"- Votre expression d’alors, quand vous avez dit que c’était pour vous impliquer avec les autres, sonnait tellement faux, que je me suis dit qu’on ne pouvait pas vous croire, voila".
"- Il se trompait, en réalité, je voulais faire un travail qui ne me mette pas en contact avec les autres".

■ "Toutefois, il ne serait pas faux de dire que dans l’élan qui le portait curieusement vers autrui, on sentait, l’espace d’un instant, une sorte de froideur, comme si un vide l’habitait, un vide impossible à combler".


[Références]

Le temps qui va, le temps qui vient. Hiromi Kawakami. Traduit par Elisabeth Suetsugu. Littérature japonaise. Edition Philipe Picquier. Format poche. 2011. 280 pages. ISBN : 9782809702118. Prix : 8 euros.

[Source et crédits photos]

© Babelio

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